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SUR LA VIGNERONNE REGINE SUMEIRE

Depuis la presqu’île de Saint-Tropez, la vigneronne Régine Sumeire (Domaine Barbeyrolles) a révolutionné le monde endormi des rosés en inventant au milieu des années 1980 un vin qui deviendra une nouvelle référence dans le monde entier : le fameux « Pétale de Rose ».

Régine Sumeire représente la 3e génération de vignerons de sa famille. Pas forcément destinée à reprendre le domaine familial (son père la voyait pharmacienne et elle possède un doctorat en Lettres) mais portée par la passion, elle s’est endettée sur 30 ans pour acquérir un domaine à Gassin, l’un des trois villages de la presqu’île de Saint-Tropez

LE DOMAINE BARBEYROLLES

« Avant d’arriver à Gassin, j’avais déjà visité plusieurs domaines mais là, il s’est passé quelque chose d’assez inexplicable. La bâtisse était en ruine, les ronces envahissaient les vignes mais j’ai su que j’étais chez moi. Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion. En visitant la maison où tout était pourtant à refaire, je me suis vue à table avec des amis : un coup de foudre ! »

L’endroit, à 2 km de la mer et 7 de Saint-Tropez, est idéal et son potentiel énorme. Très chic, aussi ? « Oui, mais Saint-Tropez n’avait rien à voir avec ce qu’il est devenu maintenant, corrige Régine Sumeire. Les stars venaient déjà, mais cela restait un village où habitaient encore des tropéziens et des tropéziennes. Ce n’était pas bling bling comme aujourd’hui. »

Le choix du cœur n’était pas celui de la facilité. En prenant les commandes de la propriété, Régine Sumeire sait qu’elle a du pain sur la planche puisque tout est à rénover ou à construire. Elle s’y attelle avec une exigence et une détermination sans failles. Après quatre ans de travaux dans la cave et les vignes, elle commercialise enfin ses premiers vins étiquetés Château de Barbeyrolles.

LE « PÉTALE DE ROSE »

Ce vin est un petit miracle qui doit sa naissance à la curiosité et à l’audace de la vigneronne. C’est au cours de l’un de ses nombreux voyages que Régine Sumeire trouve la solution. « Jean-Bernard Delmas, le directeur technique du Château Haut-Brion (premier grand cru classé à Bordeaux, Pessac-Léognan), m’a fait remarquer que nous possédions tous les deux un pressoir identique, explique-t-elle. Il m’a conseillé de l’essayer pour élaborer les rosés. » Dès les vendanges suivantes, en 1985, Régine Sumeire met l’idée en application avec des grenaches. « C’était fabuleux, je n’en revenais pas… Le vin était clair, diaphane, sa couleur était magnifique. Et le jus était frais, pur… tellement bon ! » L’essai est une grande réussite.

Pour que l’on identifie encore mieux ce nouveau vin, bien à l’écart de la production habituelle, Régine Sumeire délaisse la bouteille provençale pour la bordelaise. Quant au nom de la cuvée, la vigneronne le doit à une de ses amies, grande amoureuse de jardins. « Elle a tout de suite aimé la couleur, qu’elle a comparé à un pétale de rose. Cela m’a tellement plus que j’ai déposé la marque. En plus, nous étions en 1981, un an après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République française : nous étions dans l’air du temps ! »

Assez rapidement, ce rosé « nouvelle génération » trouve ses adeptes. Alain Ducasse le place sur la carte des vins de son restaurant, un gage de sérieux. Sa popularité croît si rapidement que les rosés provençaux classiques d’alors, plus foncés, deviennent irrémédiablement has been. En quelques années, le « Pétale de Rose » est devenu une référence incontournable.

Fine cuisinière – elle a même écrit un livre de recettes –, Régine Sumeire aime ouvrir un « Pétale de Rose » sur un beau poisson, une pièce de veau, des salades ou des soufflés.

UN VIGNOBLE EN BIODYNAMIE

Les 12 hectares du Château Barbeyrolles sont certifiés bio depuis 2005 et en biodynamie depuis 2020. Toutefois, de nombreuses pratiques biodynamiques étaient déjà appliquées à partir de 2009. Le travail à la vigne se fait avec le cheval pour ne pas tasser les sols et les traitements sont les plus légers possibles. Pour que la vigne livre les meilleurs raisins, les rendements sont mesurés : entre 30 et 40 hectolitres par hectare. Les vendanges sont manuelles et seules les grappes parfaites sont gardées. Les raisins abîmés sont systématiquement éliminés.

LA TOUR DE L’ÉVÊQUE

Vigneronne Régine Sumeire pilote également le vaste domaine familial : le Château La Tour de l’Évêque, 80 hectares proche de Pierrefeu, sur les collines des Maures, dans le Var. Le château possède une longue histoire : il était la résidence d’été des évêques de Toulon. Comme au Château Barbeyrolles, le vignoble de la Tour de l’Évêque est bio depuis 2005. Il terminera sa conversion en biodynamie en 2024. Régine Sumeire y produit notamment des vins rouges riches et puissants (comme la cuvée Noir & Or, à base de syrah et d’une touche de cabernet-sauvignon).
Merci à Vigneronne Régine Sumeire pour cet interview.
Texte écrit par Erwant Nonet.

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